Date de naissance : 12 septembre 1924, oui c'était il y a un siècle, et je n'en reviens pas
Bonjour à tous et bienvenue,
Je vous écris de Cannes où j’ai passé un week-end prolongé pour célébrer le première centenaire de mon papa.
Si vous avez déjà lu le texte que j’ai publié sur les réseaux sociaux vous commencez à connaître ce personnage, sinon je vous remets le texte juste en-dessous.
La fête était très différente de ce dont j’ai l’habitude, il n’y a pas eu ces longs moments de small talk où chacun prend des nouvelles des autres et parle de ce qu’il a fait pendant ses vacances. A la place on a passé l’après-midi à se remémorer des souvenirs ou à transmettre les histoires de la famille à ceux qui ne la connaissaient pas encore. Ensuite mon père a écouté les discours que chacun avait préparé. Pour les traditionnelles photo de famille, mon père était assis comme maintenant plusieurs années, mais au bout d’un moment il a décidé de se lever et de se tenir debout donc on a refait toutes les photos avec lui debout. On crevait de trouille qu’il tombe mais il a tenu. Debout pour la photo de ses 100 ans, ce que j’ai lu à la fois comme un défi et comme une marque de dignité et d’estime pour lui-même.
Le mot dignité me pose problème à écrire. Pour accompagner le texte sur les réseaux sociaux j’ai choisi une photo d’un anniversaire passé qui était particulièrement réussie et qui a 15 ans. Il est très beau, se tient bien droit. Mais les gens attendent de voir à quoi ressemble vraiment un centenaire. Et là j’hésite.
Tout d’abord parce que ces photos, qui sont très récentes, m’appartiennent, au sens où j’ai envie de les garder cachées, juste pour ceux qui étaient là ou qui auraient pu être là (j’ai fait une newsletter là-dessus). Et puis ensuite parce que mon papa est beaucoup moins beau à voir. Il a la tête qui penche, la bouche un peu tordue, les yeux pochés.
Il y a cette expression que je déteste, “mourir dans la dignité” choisie par les défenseurs de l’euthanasie. Le sous-texte c’est : quand on souffre trop on perd sa dignité et on préfère mourir plutôt que de la perdre. Je partage leur combat mais pas leur vocabulaire, je ne pense pas qu’il soit possible de perdre sa dignité.
S’il n’y a aucune indignité à vieillir pourquoi je cache les photos de mon père aujourd’hui ?
Mon podcast parle de l’invisibilisation progressive des femmes au fur et à mesure qu’elles prennent de l’âge, c’est encore plus vrai pour les personnes plus âgées qui n’ont plus une place active dans la société. Dans le podcast que j’avais enregistré avec Christophe de Jeager, il parlait des gens d’Okinawa dont on avait tenté de copier le régime alimentaire en espérant y trouver la clé de leur longévité. Alors que le secret était plus à chercher dans leur intégration au coeur de la vie sociale, contribuant à la hauteur de leur capacités - et l’absence de stress. La première étape est donc sûrement de les rendre plus visibles.
Mon père entrain d'écouter mon discours, photo extraite d'une video prise sur téléphone
Et voici le texte dont je parlais plus haut :
Mon père fête ses 100 ans aujourd'hui. Il n'a pas bon pied bon œil, non. J'ai apporté du caviar. Cette longévité me fascine. Mon père ne marche presque plus même s'il se force à marcher presque tous les jours. Il ne voit quasiment plus. Il a des douleurs un peu partout dans le corps, des nausées aussi.
Maintenant que je m'intéresse au vieillissement, j'écoute attentivement les ressentis des personnes les plus âgées. Ils décrivent souvent une satisfaction d'une vie vécue, une mort qui est dans l'ordre des choses, qui n’est pas redoutée en tout cas. Et souvent un après la mort, même s'ils n'avaient jamais eu cette croyance auparavant. Pas pour mon père. Non, lui a la pulsion de vie d'un adolescent. La question que l'on me pose le plus souvent est : mais est-ce qu'il a toute sa tête ? Oui, il ne confond pas les gens, donne son avis sur tout, refuse de se laisser isoler, même s'il entend très mal, et parfois articule difficilement. Je me souviens de ce passage aux urgences, à cause d'une suspicion d'AVC. Il etait 1h du matin, ma mère dans la salle d'attente était épuisée. Les urgentistes voulaient pousser les investigations plus loin avec un transfert dans un autre hôpital. Moi je voulais juste qu'on le récupère et qu'on rentre à la maison. Je leur avais dit : vous êtes d'accord là il ne va pas mourir cette nuit ? Donc vous pouvez le libérer ? Mon père était ressorti en criant, ultra énervé de la façon dont il avait été traité. Comme si les urgences étaient un hôtel. J'ai adoré ce moment. Cet été mon prof de qi kong décrivait la différence entre l'orient et l'occident. Les occidentaux font de leur vie une œuvre d'art, un feu d'artifice quitte à mourir jeune et violemment. Pour les orientaux mourir jeune est un échec. Il faut durer. Mon père est chinois sans le savoir. Capable de continuer à vivre jusqu'au bout du bout du bout. Longtemps je me suis dit que cette force de vie était une réponse aux puissances mortifères qui ont entouré son adolescence, lorsqu'il se cachait des allemands. Et puis aujourd'hui je ne suis plus sûre. Ce dont je suis sûre c'est que cette force de vivre puise son énergie dans son entourage, à commencer par ma mère. Aussi peut-être dans l'idéologie très XXe siècle dont la famille est fortement imprégnée, celle du progrès scientifique et technologique. Demain il y aura peut-être une nouvelle molécule, ou un nouveau mode opératoire qui pourront me guérir. Peut-être que ce nouveau médecin trouvera une solution à laquelle les autres n'ont pas encore pensé. Mon père a vécu plusieurs dizaines d'années à épuiser le corps médical - et le trou de la sécu. Il y a 20 ans déjà il me disait très souvent : là je crois que c'est la dernière fois que tu me vois. Au début je pleurais. Ta vraie maladie c'était l'hypocondrie. Et elle t'a tenue en vie jusqu'à 100 ans Joyeux anniversaire Papa avec tout mon amour
La rediff coup de coeur avec Sylvie
A vous qui n’avez pas encore écouté l’épisode avec Sylvie comme je vous envie de pouvoir le découvrir aujourd’hui !
Sylvie n’a pas son pareil pour se raconter. Elle m'a détaillé par le menu son rendez-vous avec un chirurgien esthétique (c’est dans l’extrait). Sa conclusion ? Pour elle c'est un peu tard, trop de choses à rafistoler et puis pour tout dire, elle est à l'aise avec son image. Découvrez son conseil dans l’épisode…
Je dois dire que quand j’ai lancé La fin des règles, j’étais un peu complexée d’être la seule parmi toutes celles qui prenaient la parole sur la ménopause à ne pas être moi-même directement concernée par les symptômes. A vrai dire nous étions deux, Ariane Pardé a été une pionnière mais elle a pris aujourd’hui une autre direction.
Mais ces temps-ci je suis rejointe par une marée de femmes qui veulent changer le game. A commencer par Camille qui lance Joïsta, un nom plein de joie pour accompagner les femmes à partir de la périménopause avec un mantra : comprendre pour agir.
Pour la rentrée, elle a conçu un programme en 4 semaines :
➡️ 4 semaines de recettes, de vidéos explicatives et sportives ou de détente. 🌮🧘🏻♀️
➡️ Pssst, -10€ sur le prix de lancement pour les Joïsistas de la première heure 😉 avec le code JOISTAPREMS, soit 29,90€ le parcours 🔥
Et avec Camille on a lancé un jeu concours pour vous le faire gagner 🥳. Pour participer, il suffit de vous abonner à nos deux comptes et de suivre les indications qui sont dans ce post insta. Le jeu est jusqu’au 19 septembre. Bonne chance !
Merci d’avoir pris le temps de me lire. Un mot ou une réaction de votre part me fera extrêmement plaisir. Si vous pensez que cette lettre peut intéresser une personne de votre entourage, s’il vous plait, partagez-là ! Il n’y a que comme cela que je peux être découverte par de nouvelles personnes. Je compte sur vous.
Love
Aude Hayot
Host du podcast La fin de règles, je raconte ici ce que j'apprends de mes échanges avec toutes ces femmes et comment ils inspirent ma vie. Rejoignez-nous !